La position du GODS sur la crise agricole

En tant qu’APNE, impliquée au quotidien dans la défense de la biodiversité, notamment au côté des agriculteurs dans le cadre des mesures agro-environnementales, le GODS ne peut rester indifférent à la crise qui secoue le monde agricole.

Si nous pouvons comprendre l’inquiétude, la colère et parfois la détresse exprimées par les manifestants, nous nous inquiétons des réponses hâtives fournies par le gouvernement.

D’une part, elle constituent un recul significatif par rapport aux engagements pris, aux niveaux européens et national, pour commencer la transition vers une agriculture plus respectueuse de la santé des hommes et de l’environnement et plus attentive à la protection des biens communs que constituent l’eau et la biodiversité.

D’autre part, elles ne résolvent en rien le problème fondamental d’un système de production alimentaire productiviste, contrôlé, des semences à la grande distribution, par un petit nombre d’acteurs et dont les premières victimes sont les agriculteurs eux-mêmes, pris dans une spirale mortifère associant surendettement, prix trop bas et assistanat.

En tant qu’acteurs de terrain, nous avons la conviction que seul un virage volontariste et rapide vers l’agroécologie, soutenu par des politiques publiques ciblées et dotées de moyens conséquents peut permettre d’imaginer un futur proche avec la production d’une alimentation de qualité dans le cadre d’exploitations de taille raisonnable, orientée vers la consommation locale, accessible à tous et pour laquelle les paysans reçoivent une juste rémunération.

Les mesures proposées ne nous paraissent pas de nature à amorcer enfin ces changements. Bien au contraire, en supprimant des barrières règlementaires pourtant largement insuffisantes, elles actent la victoire des lobbies de l’agrochimie, de l’industrie agro-alimentaire et de la grande distribution et, sans résoudre les difficultés quotidiennes des manifestants, annoncent des jours sombres pour notre environnement et la biodiversité.

Goéland brun dans labour
Goéland brun dans labour - La Rochénard ©Françoise Caquineau

Un éleveur heureux...ça existe

Voici le témoignage de Sébastien Quinault de l’EARL « Le Troupeau rouge » situé à Gourgé. Sébastien fait pâturer ses Salers sur les 70 hectares des parcelles de son exploitation. Elles sont nourries à l’herbe toute l’année, à 90% avec les ressources de la ferme. A la saison sèche, il complète l’alimentation par du foin de la ferme ou acheté à l’extérieur.

Il vend sa production en colis de 5 ou 10 kg à un réseau de particuliers adeptes de la viande de bœuf persillé, de très haute qualité sur les départements de la Vienne, des Deux-Sèvres, de Vendée et de Loire Atlantique. Une viande bio qui bénéficie du label Pâtures et Papilles, qui garantit la qualité de l’alimentation des vaches. La viande de bœuf et de veau, en fonction des naissances, est vendue emballée sous vide.

Mes prix de vente n’ont pas évolué depuis 2 ans, et c’est aussi grâce à vous ! La ferme trouve son équilibre financier en n’ayant que peu d’investissements, de bâtiments et de mécanisation, et je suis presque complètement affranchi des fluctuations du marché : en plus des ventes directes je vends des animaux à une coopérative bio où le prix est fixé par les éleveurs.
Évidemment les aides de la PAC viennent compléter le chiffre d’affaires à hauteur de 40% environ, et m’aident à poursuivre cette activité pour un élevage vertueux sur le long terme.

Je n’ai que deux richesses: le troupeau et les prairies! Sans produits chimiques, avec peu de pétrole, je produis non seulement de la viande, mais aussi de l’eau potable de qualité (par les prairies), de la biodiversité (par le grand nombre de haies et d’arbres), et cet ensemble VIVANT permet de capter plus de carbone qu’il n’en émet.


Bref, à titre personnel, et même si ça n’est pas facile tous les jours, je prouve que c’est possible et surtout : « je suis heureux du mal que je n’ai pas fait »…

Pour aller plus loin

La réaction de notre fédération France Nature Environnement vis à vis de la réponse du gouvernement aux mouvements des agriculteurs qui acte un recul quant à la protection du vivant et à la transition vers une agriculture plus respectueuse de la biodiversité : https://fne.asso.fr/communique-presse/agriculture-gabriel-attal-tire-a-cote-de-la-cible-une-fois-sur-deux 

15 propositions pour une agriculture plus durable et plus juste (France Nature Environnement).