Le projet d’arrêté préfectoral prévoit l’autorisation de la chasse au blaireau par déterrage  dès le 1er juillet. Ce projet est soumis à enquête publique jusqu’au mercredi 22 mai 2024.

Plus nous serons nombreux à répondre à la consultation publique, plus nous aurons de poids !

Pour cela, vous pouvez envoyer les arguments que nous détaillons ci-dessous, jusqu’au 22 mai 2024 inclus :

La méthode de déterrage du blaireau

Animal sauvage chassé  par tir de septembre à fin février, le Blaireau européen, Meles meles, subit aussi le déterrage appelé vénerie sous terre et ce dès le 1er juillet en Deux-Sèvres.

Pendant cette période dite complémentaire (juillet- septembre), la technique de chasse utilisée  « vénerie sous terre » est particulièrement brutale  et cruelle,  puisqu’elle consiste pour les chasseurs à acculer les blaireaux dans leurs terriers puis,  après plusieurs heures passées à creuser la terre avec des pelles, des pioches et des barres à mine, à les en extirper à l’aide d’énormes pinces métalliques.

Trainés sur le sol et s’ils n’ont pas déjà été massacrés par les chiens, ils sont ensuite achevés au pistolet, fusil, couteau ou coups de pelle. Il en est de même pour les petits.

Nos arguments

La plupart des dégâts mentionnés (infrastructures, professions agricoles et autres sinistres) dans le rapport fourni par la Fédération des chasseurs (page 17) datent de 2021-22.

Etant donné que l’arrêté préfectoral est pris chaque année, ces données anciennes ne peuvent pas être prises en compte pour la saison de chasse 2024-25.

Il n’y a donc aucun élément fourni pour la saison 2024-25 qui justifie la période complémentaire.

Par ailleurs quelle est la réalité de ces dégâts ? Selon quel protocole sont prises en compte les déclarations ? Sont-elles vérifiées et qui valide le préjudice ?

La carte établie en 2024, par les chambres d’agriculture de France montre que le département des Deux-Sèvres n’est pas concerné par les dommages aux cultures.

Source : La vénerie sous terre et les populations de Blaireaux (Meles meles) dans le département de la Gironde 2024.pdf

Quels éléments permettent de savoir avec certitude que les dégâts sont bien l’œuvre des blaireaux et non des sangliers ? La Fédération des chasseurs a d’ailleurs confirmé qu’il était quasiment impossible de faire le distinguo entre jeune sanglier et blaireaux lors de dégradations de maïs par exemple. Quelle validation des services compétents ?

Il est mentionné que le blaireau attaque des brebis déjà sur le dos, Il ne faudrait pas confondre le charronnage occasionnel et la prédation, dit autrement la bête est déjà à l’agonie lorsque le blaireau commence à la consommer. Quelle preuve également qu’il s’agisse bien de l’intervention d’un blaireau ? Quelle validation vétérinaire ?

Quant aux dommages sur les infrastructures, ils font l’objet de battues administratives dans la plupart des cas puisque bien souvent situés en zones non chassables.

Le rapport fourni par la Fédération des chasseurs indique un nombre de collisions en forte hausse sur les deux dernières saisons et conclut à une augmentation des populations.

Pour rappel, aucun indice d’abondance du Blaireau européen ne permet d’attester de l’état des populations de cette espèce. Le nombre de collisions ne constitue donc pas un indicateur fiable quant aux tendances d’évolution des populations de l’espèce. Le dérangement par la chasse peut induire une extension du domaine vital et par conséquent augmenter favoriser le déplacement des individus.

Par ailleurs, la destruction de blaireaux européens au titre de la sécurité routière ne constitue pas une solution durable et acceptable

Des alternatives non létales peuvent être mises en place afin de limiter de manière efficace ces collisions. En effet, dans un contexte de fragmentation des espaces naturels, la création d’aménagements pour le franchissement sécurisé des infrastructures (tels que les passages à faunes ainsi que les détecteurs à faune) semble être une alternative efficace et bénéficie à de nombreuses autres espèces animales (cervidés, mustélidés, sangliers) (Ecosphère, Hydrosphère, 2015) (CEREMA, 2021). Ces aménagements localisés sur les « points chauds » de collision permettront de rendre les routes plus sûres pour l’Homme ainsi que pour la faune sauvage.

Les déclarations sur Nature 79 dénombrent sur les trois dernières années 6 fois moins de blaireaux percutés que le total donné par la Fédération des chasseurs.

Page 21, le document cite l’ANSES qui dit que « le blaireau est réceptif à la TB », c’est exact mais évidemment ça ne justifie pas sa chasse.

En effet, la même ANSES écrit aussi que « l’abattage ne se justifie pas comme mesure préventive dans les populations de blaireaux encore indemnes de tuberculose ». On ne peut donc pas s’appuyer sur l’avis de l’ANSES pour justifier la vénerie sous terre.

Par ailleurs, le cheptel bovin touché dans le nord du département a été vraisemblablement contaminé par brassage d’animaux domestiques : ce que la Fédération des chasseurs a confirmé lors de notre réunion du 23 avril. Les analyses ont prouvé que les blaireaux n’étaient pas porteurs du stéréotype responsable de la contamination du cheptel domestique et ce malgré un échantillon d’une cinquantaine d’animaux. Dans tous les cas, la tuberculose étant une zoonose majeure, il est totalement incohérent d’exposer des personnes et des animaux (chiens de chasse) à la maladie lors de la chasse par déterrage également sur des zones hypothétiquement indemnes de TB.

Bien qu’il s’agisse d’une espèce commune, la dynamique du Blaireau européen reste mal connue aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau départemental. Pour le moment, aucun protocole scientifique n’existe afin de dresser un état des populations. Bien que le dénombrement des blaireautières puisse constituer un indice de densité, ce dernier n’est pas suffisant et doit également prendre en compte un recensement des groupes familiaux (ONCFS, 2016). De plus, le dénombrement des blaireautières à lui seul permet uniquement de dresser un état des lieux de la répartition de l’espèce dans le département. A l’heure actuelle, aucun indice ne semble montrer une dynamique positive de l’espèce dans le département.

En effet, le Blaireau européen présente une mortalité juvénile très élevée (pouvant atteindre 50 à 70% des individus dès la première année). De plus, la dynamique de cette espèce est très sensible à la survie des adultes. La période complémentaire pour la vénerie sous terre contribue à perturber le bon fonctionnement de l’espèce dans le département avec la destruction directe d’individus ainsi que de possibles déplacements d’individus dérangés. Ces nouveaux déplacements peuvent contribuer à des collisions supplémentaires, des dégâts supplémentaires en vue de besoins alimentaires exacerbés et possiblement la dispersion d’individus porteurs d’éventuelles zoonoses.

La période complémentaire va à l’encontre du code de l’environnement qui stipule qu’il est interdit de détruire des portées de tous mammifères dont la chasse est autorisée, en juillet et août, les blaireautins ne sont autonomes et dépendent encore fortement des adultes.

« Si la fin de la lactation se fait en mai (Lebourgeois 2021), le sevrage des blaireautins intervient progressivement vers l’âge de 12 semaines,  les jeunes restent très inclus dans le groupe social et dépendant pour la nourriture jusqu’à l’âge de 8 mois. La dépendance des jeunes s’opère donc bien plus tard que 14 semaines » (CEBC Chizé)

« 2- L’article L424-10 du code de l’environnemùent interdit de détruire les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée, or au 15 mai, les blaireautins ne sont nisevrés, ni indépendant;«