Les écosystèmes fournissent aux entreprises, ainsi qu’aux populations et aux collectivités, une large gamme de biens et de services. À titre d’exemples, les forêts fournissent du bois d’œuvre et des fibres, régulent le climat en absorbant le gaz carbonique et produisent des ressources génétiques utilisées pour les médicaments. Les récifs de corail attirent des touristes, servent de viviers à des espèces de poissons commercialisables et protègent les zones littorales des vagues de tempête. Les systèmes fluviaux offrent de l’eau douce et de l’énergie. Les zones humides filtrent les eaux usées, atténuent les inondations et purifient l’eau. Tous ces bénéfices, et bien d’autres encore, tirés de la nature sont qualifiés de «services écosystémiques».

Catégories de services écosystémiques

L’évaluation des écosystèmes a mis en évidence l’importance des services écosystémiques pour le bien-être humain et le développement économique. Trois (parfois 4) catégories de services écosystémiques ont étés définis :

  • Services d’approvisionnement : biens ou produits tirés des écosystèmes, de type nourriture, eau douce, bois d’œuvre ou fibre de bois.
  • Services de régulation : bénéfices tirés de la régulation par l’écosystème de processus naturels tels que le climat, les pathologies, l’érosion, les flux hydriques ou la pollinisation, ainsi que la protection contre les risques naturels. Par «régulation» dans ce contexte, on entend le contrôle de phénomènes naturels.
  • Services culturels : bénéfices intangibles tirés des écosystèmes de type loisirs récréatifs, valeurs spirituelles ou plaisir esthétique.
  • Services de soutien : processus naturels comme le cycle des nutriments ou la production primaire qui servent de support aux autres services.

De manière générale, les services écosystémiques ont tendance à se dégrader depuis un demi-siècle (pêche sauvage, eau douce, contrôle de l’érosion, pollinisation…).

(Source : adapté du Millennium Ecosystem Assessment, 2005. Ecosystems and Human Well-bring : Synthesis. Washington DC, Island Press.)

Questions fréquemment posées sur les services écosystémiques

La biodiversité est-elle un service écosystémique? Les services écosystémiques sont parfois confondus avec la biodiversité. La biodiversité n’est pas en soi un service écosystémique, mais elle sous-tend la fourniture de ces services. Parmi d’autres services écosystémiques intimement associés à la biodiversité, on peut citer la nourriture, le matériel génétique, le bois, la biomasse combustible, les loisirs ou l’écotourisme.

Les minéraux et les combustibles fossiles sont-ils des services écosystémiques? Les minéraux et les combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) sont des exemples de ressources naturelles qui ne sont pas des services écosystémiques. La quantité et la qualité des minéraux et combustibles fossiles ne dépendent pas de la composante vivante des écosystèmes existants et ne sont donc pas considérés comme des bénéfices tirés des écosystèmes. Même si les combustibles fossiles et certains minéraux comme les diamants proviennent de matières organiques vivant il y a des millions d’années, cet horizon temporel n’est pas pertinent pour les décisions ou politiques d’entreprise d’aujourd’hui.

Si les combustibles fossiles ne sont pas un service écosystémique, alors pourquoi l’eau douce en est-elle un ? À l’inverse des combustibles fossiles, l’eau douce est une ressource dont la quantité et la qualité dépendent fréquemment des composantes vivantes des écosystèmes. À titre d’exemple, les forêts ont un impact sur la quantité et la qualité de l’eau douce à l’échelle régionale, en absorbant l’eau par les racines d’arbre, en relarguant de la vapeur d’eau au travers des feuilles et en évitant l’envasement des rivières et fleuves.

Pourquoi les entreprises doivent-elles se préoccuper de cet enjeu ?

L’évaluation des écosystèmes prédit que la dégradation des écosystèmes et des services rendus va encore empirer, notamment en raison de l’augmentation de la population mondiale, de la hausse des niveaux de consommation par habitant dans les économies émergentes et de la poursuite du réchauffement climatique. Ces tendances sont d’une grande importance pour les entreprises, car elles et les écosystèmes sont étroitement corrélés.

En raison même de ces impacts et dépendances, la dégradation des écosystèmes peut présenter un certain nombre de risques aussi bien que de nouvelles opportunités. Parmi ces risques et opportunités, on peut citer les suivants :

  • Opérationnel:
    • Risques liés à la hausse des coûts de l’eau douce en raison de sa pénurie, à un plus faible rendement des installations hydroélectriques dû à l’envasement, ou à des perturbations des activités commerciales du littoral dues aux inondations.
    • Opportunités liées l’amélioration de la réutilisation des eaux, l’aménagement d’une zone humide in situ pour éviter la nécessité de construire de nouvelles infrastructures de traitement des eaux.
  • Réglementaire et juridique:
    • Risques liés à la mise en place de nouvelles amendes, droits d’usage, réglementation gouvernementale, ou à des poursuites judiciaires engagées par les collectivités locales souffrant d’une perte de services écosystémiques due aux activités d’une entreprise.
    • Opportunités liées aux engagements pris par les gouvernements de mettre en place des politiques et incitations visant à protéger ou à restaurer des écosystèmes offrant des services dont l’entreprise a besoin.
  • Image et réputation :
    • Risques pour les sociétés de grande distribution d’être visées par des campagnes menées par des ONG sur les achats de papier ou de bois issus de forêts vulnérables, ou bien pour des banques menacées par des controverses sur leurs investissements dans des activités dégradant des écosystèmes préservés
    • Opportunités liées à la mise en œuvre et à la communication de pratiques d’achat, d’exploitation ou d’investissement durables susceptibles d’être des facteurs de différenciation.
  • Marchés et produits:
    • Risques liés aux décisions de clients de changer de fournisseur en faveur de produits ayant un moindre impact sur les écosystèmes, ou à des décisions gouvernementales d’adopter de nouvelles politiques d’achat durable pour les marchés publics.
    • Opportunités liées au lancement de nouveaux produits et services minimisant l’impact du consommateur sur les écosystèmes, participant à la séquestration de carbone ou à la protection des bassins versants sur des marchés émergents, favorisant l’émergence de nouveaux modèles économiques basés sur des ressources naturelles détenues par l’entreprise, ou proposant du bois, des fruits de mer, des légumes ou d’autres produits éco-labellisés.
  • Financement:
    • Risques liés à la mise en place par les banques de conditions de prêt plus rigoureuses en matière de crédit aux entreprises.
    • Opportunités liées à des offres de modalités de crédit plus favorables par les banques, ou bien à des prises de participation par des investisseurs dans des sociétés proposant des produits et services visant à améliorer l’éco-efficacité dans l’utilisation des ressources naturelles ou à restaurer des écosystèmes dégradés.