L’Effraie des clochers, Tyto alba, est un des rapaces nocturnes les plus courants de France. Tout le monde a déjà entendu parler de la Dame blanche ou entendu son cri la nuit. Son abondance relative ne doit pas faire oublier les menaces qui pèsent sur l’espèce : diminution de sa ressource alimentaire via l’intensification des pratiques agricoles, raréfaction des sites de reproduction, sensibilité aux épisodes climatiques extrêmes, notamment les vagues de froid, mortalité routière élevée… Bien que plus répandue que la Chouette chevêche, le statut de l’Effraie n’est pas meilleur : au niveau européen l’Effraie des clochers est notée « en déclin modéré » par Birdlife international depuis les années 1970 et le statut de conservation de l’espèce est jugé « défavorable » depuis 2004, tout comme celui de la Chevêche d’Athéna.

Reproduction de l'Effraie des clochers

En Poitou-Charentes, l’Effraie niche depuis la fin de l’hiver (mars) jusqu’à l’automne (octobre). Parfois elle peut produire 2 nichées par an en fonction de la disponibilité alimentaire. La femelle est prête à pondre lorsque sa masse corporelle est comprise entre 380 et 450 g. Les œufs sont pondus avec un intervalle de 2,5 jours en moyenne entre 2 œufs. La femelle couve dès le premier œuf et la durée d’incubation est d’environ 32 jours. Les poussins sont « baguables » 10 jours après leur éclosion, quand les plumes commencent à sortir des fourreaux, jusqu’à leur envol au 50ème jour.

Effraie des Clochers
Effraie des Clochers

Les actions menées

Le programme « Effraies en Mellois » s’inscrit dans un programme de suivi des populations coordonné par le Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO). À l’échelle locale, ce suivi consiste à trouver des couples et à mettre en place des nichoirs pour l’Effraie des clochers afin de suivre leur reproduction et leur histoire de vie grâce au baguage.

Le suivi s’implante autour de Brioux-sur-Boutonne, sur un carré de 20 km par 20 km. Depuis 2020, plus de 60 sites sont suivis chaque année grâce à la mise en place de nombreux nichoirs chez les particuliers mais aussi dans des églises et dans des fermes chez les agriculteurs du territoire.

En 2022, le déficit de campagnols, cumulé aux fortes chaleurs printanières, a rendu difficile la reproduction des effraies. Sur les 60 nids suivis, beaucoup sont en échec mais l’on estime à 2,2 poussins volants par couple. La poursuite de ce programme permettra d’acquérir des connaissances supplémentaires pour mieux conserver cette espèce dans le paysage rural du Mellois.

Les objectifs du programme

Dans les prochaines années ce programme à long terme vise à atteindre plusieurs objectifs :

      • Renouer le lien humain et rapaces nocturnes « mal aimés » ;
      • Poursuivre la connaissance des paramètres démographiques de la population dans l’ouest de la France ;
      • Repérage des individus polygynes (qui ont plusieurs partenaires) et en mesurer les conséquences sur la population ;
      • Le taux de prédation entre les sites « naturels » et artificiels et son impact sur la productivité ;
      • Le taux de compétition pour les nids et nichoirs avec les Faucons crécerelles et son impact sur la productivité et l’indice corporel des poussins ;
      • L’impact des infrastructures humaines routières est bien connu mais nous ne connaissons  pas encore quels individus sont impactés par ces mortalités.
      • L’impact des infrastructures type éoliennes, photovoltaïques et réseau électrique est inconnu sur les rapaces nocturnes.

Lire le rapport Effraie en Mellois 2022 : Rapport Effraie 2022.

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